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    Musique

                                                          Alexander Gradsky met sa guitare

    …/…

    Alexander arrive sur la grande scène vide, sa guitare à la main… et cette fois je ne rate pas son entrée !

    Il avance vers nous comme s’il ne faisait que passer et fait un petit salut de la tête décidément désarmant de simplicité. Il me semble avoir repris des couleurs et arbore son légendaire sourire. Il tient sa guitare à douze cordes et le voilà seul avec elle pour assurer le spectacle.

     

    Je redoute un peu cette partie du concert, je sais qu’Alexander va nous chanter son œuvre plus personnelle, essentiellement basée sur les textes qu’il écrit, sa poésie, son esprit corrosif, sa verve, son lyrisme, donc sur la compréhension des mots… Tous ces mots qui me font défaut…

     

    Alexander commence à chanter, tous mes sens en éveil, je le regarde, je le touche des yeux,  je l’écoute, je le suis, je le sens et… je le comprends !

    Chacune des inflexions de sa voix me guide, chacun des petits gestes de ses mains m’aiguille, son regard est mon étoile et son visage ma boussole…

    Je lève le voile sur l’âme d’Alexander, je sais quand il se moque, je sais quand il a mal, je sais quand il s’amuse, je sais son ironie, sa nostalgie, son altruisme, sa douceur, sa folie et aussi sa colère … et son amour…

     

    Mon gentil voisin veut m’aider et me parle des chansons, il se rend compte que je les connais bien, je prononce les paroles de mes lèvres, et lui, chante à tue-tête et me fait rire aux larmes.

    Je ne pouvais pas mieux tomber, ma passion silencieuse et son enthousiasme débordant faisant bon ménage. À la fin de chaque chanson, nous criions ensemble d’immenses « Brrrrravooo ! » et applaudissions à tout rompre sous le regard amusé d’Alexander qui voyait son admiratrice française se délurer avec le plus facétieux, le plus dégourdi, le plus explosif de ses fans. Vers la fin du concert, c’est Andreï qui souffle les titres des chansons qu’il a envie d’entendre à Alexander qui obtempère avec grâce.

     

    Alexander déroule tous ses talents pendant plus de deux heures, plus multiple de lui-même que jamais, il passe avec bonheur de la chanson satirique à la ballade, du blues au rock, de l’humour à la déchirure, de l’amour à la mort, je le suis toujours, m’accrochant à sa voix comme à une bouée… Par moments, il chante presque "a cappella", s’appuyant sur quelques notes de sa guitare, à d’autres, il exécute avec une dextérité et une vivacité déconcertantes des improvisations et des ponctuations sur son instrument de prédilection.

    Puis Alexander semble se tourner vers son intérieur, il ferme les yeux et se met tout doucement à fredonner pour lui-même comme pour se remémorer un air qu’il aurait oublié… Je suis subjuguée… Je n’ai jamais vu un homme aussi habité, animé, au sens de l’âme qui nous illumine, aussi sincère et radieux.

    Puis arrivent à moi les premiers accords d'une chanson que je n’avais jamais entendue, ( c'était la première fois qu'il allait la chanter ) qui semble s’appeler « Romance » pour l’instant, je sens mon cœur s’arrêter.

    Cette chanson est d’une beauté qui m’a transpercée. J’en ressens toute la force et la délicatesse qui me font basculer dans une dimension inconnue de moi, là où les mots sont inutiles, l’intelligence caduque, la compréhension dépassée…

     

    Quelques heures plus tard, j’apprendrai grâce à l’aide d’Automnia, que cette chanson parle de l’amour qu’on porte en soi pour un être que l’on n’a jamais eu l’occasion de rencontrer dans sa vie, un être qui est peut-être encore un enfant alors que nous sommes déjà à la fin de notre vie, ou un être qui a peut-être déjà vécu avant nous, et n’est plus sur la terre, alors on se retrouve sans personne à aimer, et il réalise qu’il n’a plus le temps de serrer dans ses bras, celle qu’il a cherchée dans toutes les femmes qui ont partagé sa vie en se jouant de lui, celle qui est partie sans savoir qu’elle était à lui… Il lui dit qu’il veut qu’elle sache que cette romance n’est que pour elle, sa bien-aimée…

    La voix d’Alexander se fait velours , toute puissance maîtrisée pour finir dans un murmure aux accents déchirants.

    J’ai entendu par ses fans qu’il allait la réaliser avec un orchestre symphonique sur son album à venir… J’en rêve déjà !

    J’ai enregistré cette chanson lors du concert, mais par respect pour Alexander, je ne peux pas encore vous la faire écouter ici, puisqu’elle est totalement inédite et que son nouvel album ne sortira que dans quelques mois.

     

    Les minutes, les heures ont filé comme l’éclair, vient le moment où il lance « L’adieu au Sud » cette chanson qu’il chante souvent en fin de concert, et lors de laquelle il s’éloigne progressivement du micro en faisant des vocalises qui résonnent dans toute la salle.

    Le public se soulève, l’émotion est palpable tout autour de nous, mon voisin se tait et je vois ses yeux briller…

    Alexander chante deux autres chansons avec le public autour de lui, puis lancent un :

    « Merci les gars, je dois rentrer à la maison » en s’éloignant de nous.

    Je m’assois, soudain sans force, les lumières se rallument, je n’ai plus trop conscience de ce qu’il se passe.

    Je vois Antonin qui vient me chercher et m’aide gentiment de son bras galant à remonter la salle, ce joli champ de coquelicots vides…

     

     

     

    Je vous mets la vidéo des adieux à son public de Gradsky le Magnifique.

    Le "bye-bye" qu’on entend à la fin est le mien…

     

    Lowe✿


     


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    Musique

     

    Il y a déjà une semaine qui s'est écoulée et je regarde maintenant cet instantané en Noir&Blanc...

    À la fin du concert, je ne suis pas allée voir Mister Gradsky.

    Je ne pouvais pas... Il m'avait l'air fatigué après sa performance qui avait duré plus de trois heures, j'avais eu ma dose d'émotion, je n'arrivais plus à raisonner clairement, de plus, je suis affreusement timide devant ce genre de situation...

    Les fans d'Alexander m'ont emmenée avec eux, nous avons fait des photos et discuté ensemble... J'étais un peu absente, un peu grisée, un peu ailleurs...

    Je n'avais pas d'inquiétude, je savais que je pouvais être heureuse d'avoir vécu ce que j'avais déja vécu. Et je m'en contentais, appréciant à leur juste valeur, les heures précieuses que je venais de passer.

    Je n'avais aucun regret.

    Je rentrais à mon hôtel, m'éloignant - peut-être à tout jamais - d'Alexander, la tête emplie de mélodies, d'images, de sourires, de soleil et de neige... La  neige moscovite, si lumineuse, m'accompagnait tout au long du chemin... 

    Je savourais ce moment, avec un sentiment étrange : j'avais accompli un rêve en même temps qu'un défi lancé à moi-même..

    Mes deux compagnes habituelles : la Raison et la Peur venaient de perdre un combat par K.O.!

    J'étais souriante...

    Le lendemain, je rentrais à Paris.

    J'ai, depuis, reçu un mot adorable d'Alexander, un petit mot charmant et délicat me remerciant pour ma venue à Moscou, ma présence à son concert et pour la douce écharpe qu'il ne manquerait pas d'enrouler très vite autour de sa voix, par les temps froids qui s'annoncent à Moscou.

    Un petit mot, un doux merci, comme seul les hommes savent les écrire, qui restera pour toujours, en lettres cyrilliques, là, au creux de mon cœur.

    Lowe✿

     

     


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    7 Décembre 2010 à 07:45   

    Dear Lowe,

    Unfortunately, I don't know French, but saw your comments in English at www.gradsky.com  forum, so believe you won't have any difficulty to read this.

    To me the most extraordinary event revolving around concert in Crocus Hall is your visit to Moscow to make your dream come true.  I am not sure whether you have described it already but it would be very interesting to read how your interest to Gradsky's creative work grew  to such heights which I would call unconditional worship.  Especially when language of singing  is unknown.  If you don't feel like writing long essay, how long ago and what you listened to first ?  SergeyF

     

    Dear Sergey,

    avez-vous déjà expérimenté ce sentiment que quelque chose était " plus fort que vous" ?

    Moi, oui !

    Je suis quelqu'un de très raisonnable et d'assez craintif...

    Je ne quitte jamais les miens...

    J'ai la phobie de l'avion...

    Je collectionne les bonnes et les mauvaises raisons pour ne pas trop bouger de chez moi...

    Et je me suis rendue à Moscou !

    Pour aller au concert d'Alexander Gradsky...

    J'ai moi-même du mal à le croire...

    Vous avez raison, j'ai en effet vu croître en moi, une forme de passion  pour cet artiste, jour après jour...

    J'ai, un beau jour de Mai 2009, cliqué sur une vidéo d'Alexander, il y chantait "Kak molody"  " Как молоды мы были" ... J'ai ressenti un choc.

    Comment avais-je pu ne jamais l'entendre ? Et pour quelles raisons ?

    Qui était cet homme, inconnu dans mon pays ? Quelles pouvaient être les raisons qu'une telle voix m'ait échappée ? Comment avais-je pu être tenue dans l'ignorance d'un tel talent ? Je soupçonnais naturellement ce qu'on appelle "la période soviétique" d'être la responsable... Cela me révoltait de penser que j'aurais pu disparaître sans l'avoir croisé une seule fois de ma vie... Cette idée m'animait, me tenait éveillée, correspondait tellement à mes pensées sur les chemins qui se croisent, le destin... Et tous ces êtres qui nous manquent sans que l'on n'ait jamais eu l'occasion de les atteindre.

    ÉTAIT-IL ENCORE VIVANT ?

    Était-il encore temps, pour moi, de rattrapper le temps ?

    Je fonçais sur mon clavier en cyrillique, qui dormait paisiblement dans le fond de mon ordinateur, et à force de copiés-collés, de clic-clics, de recherches assidues, je finis pas mettre un nom sur cette voix qui m'avait bouleversée, puis sur cet homme qui avait une vie riche et intéressante, sur cet artiste à la démarche pertinente.

    Je trouvais toute cette histoire miraculeuse, il était en vie, encore jeune, chantait toujours, venait de composer un éblouissant opéra, sur un roman que j'avais lu et adoré des années auparavant.

    J'allais de surprise en enchantement. De hasards en coïncidences, de conjonctures en signes...

    J'écoutais, dévorais, tout ce que je pouvais trouver sur lui, remarquant dès le début, son éclectisme impensable, son talent d'interprète, sa délicatesse de compositeur, son audace, et même (je ne sais trop comment !) sa poésie et la lumière de ses textes au travers des traducteurs en ligne si médiocres...

    Je remontais le temps.

    Je le découvrais jeune homme, rocker, étudiant l'opéra à l'académie, puis

    émerveillée, je levais le voile sur ses musiques de films, "Romance for Lovers", bien sûr, ses premiers succès, ses interprétations des chansons de David Tukhmanow qui m'enchantaient particulièrement, ses adaptions poétiques, je lisais les vidéos sur Youtube inlassablement, observant ses gestes, ses rites, ses différents aspects, sa beauté, sa lumière, sa façon unique de maîtriser sa puissante voix, de l'adapter à chaque interprétation avec un bonheur et une intelligence rares...

    J'admirais sa simplicité et son sourire... Je comprenais cet homme sans avoir besoin des mots et cela me plaisait.

    Je n'étais jamais déçue, parfois je devais revenir sur des œuvres qui me paraissaient plus ardues, trop "russes", faisant référence à une culture que je ne possède pas... Mais chaque jour, ou plutôt chaque nuit, je m'attachais à tenter de le cerner un peu mieux, à l'écouter attentivement, à le ressentir.

    Cette période silencieuse dura un peu plus d'une année.

    J'en parlais souvent avec Cloclo, une "camarade" québecoise, qui avait découvert Alexander il y a plus de 20 ans dans une émission de télévision, sans jamais n'avoir pu trouver de disques ou autre chose sur lui...

    Elle est d'ailleurs à l'origine de mon premier "clic" sur Youtube, puisque c'est elle qui avait demandé à notre autre "camarade" correspondante à Moscou, Automnia, devenue ma petite "traductrice", de lui retrouver ce chanteur perdu qu'elle avait eu la chance d'entendre un jour...

    Automnia avait répondu et mis le lien de "Kak molody" et... clic !

    J'avais eu ce coup de foudre musical.

    Nous décidames de le trouver sur Internet afin d'essayer de lui écrire... Sans succès...

    Je laissais des messages en anglais un peu partout : " Desperately seeking for Alexander Gradsky"...

    Et puis un jour, j'écrivis sur "Gradsky.com" et l'administrateur du site me donna son numéro de téléphone... Je lui en suis très reconnaissante.

    J'avais entre-temps ouvert ce petit blog, naturellement nommé "À la recherche d'Alexander Gradsky" , ayant l'envie et le besoin de parler de Gradsky, de le faire découvrir à mes lecteurs de passage et amis, de pouvoir rompre ma "solitude"  quant à ce sujet qui me passionnait...

    C'est chose faite ! Je me sens bien moins isolée !

    Et j'ai pu entendre Alexander en direct, l'observer sans le prisme de la vidéo, lui serrer la main, le regarder dans les yeux, me laisser bercer par sa voix...

    Outch Sergey, I wrote a long essay !

    Je crois qu'il ne vaut mieux pas me poser de questions à ce sujet, cela me rend trop bavarde!  :-)

    Merci pour votre visite ! Peut-être nous recroiserons-nous !

    Merci de m'avoir donné l'occasion de vous écrire...

    Merci aussi de me lire...

     

    Lowe✿

    P.S : here is the Google translation... Do not hesitate to ask me if you do not understand something... Those translations are often a little bit "funny".

    P.P.S. : 0:00 , I just went to read the English translation, and actually it is horrible.

    I am so sorry... I canno't even imagine the one in Russian...

     

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                                                                                                                         Photo ✿

     

    "В полях под снегом и дождем"

     


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    "Blue suede shoes"

    Extrait du DVD " Blues antiperestroechny " . 1990

    À la fin du concert, Alexander et ses amis rockers ( clowns ou bouffons) s'amusent.

    Pour le plus grand bonheur du public !

     

     

     


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